CHAPITRE PREMIER

— Qui ? s’étrangla le technicien de la tour de contrôle.

Son visage holographique, qui emplissait l’écran-bulle du tableau de bord, restait impassible mais sa voix ne réussissait pas à masquer la stupeur dans laquelle le plongeait cette communication.

— Rohel Le Vioter, princeps d’Antiter, répéta Rohel en détachant chacune de ses syllabes.

L’homme s’accorda un long temps de pause avant de pousser un soupir.

— Bon dieu, princeps, ça fait un sacré bail qu’ils vous attendent ! grommela-t-il avec une grimace qui n’était ni tout à fait un sourire ni tout à fait un rictus. Ils commençaient à devenir nerveux.

— Ils ? demanda Le Vioter, qui connaissait parfaitement la réponse à sa question.

— Vous et moi avons passé l’âge de jouer aux devinettes, princeps. Ils font régner la terreur depuis votre départ. Il ne s’est pas passé un jour sans qu’ils aient commis leur lot d’abominations. En sept ans, la population dévillienne est passée de douze à quatre milliards d’individus.

— Savez-vous quelque chose au sujet de la féelle Saphyr d’Antiter ?

La respiration de Rohel se suspendit.

— Jamais entendu parler de ce nom, marmonna le technicien. Pouvez-vous me communiquer vos coordonnées spatiales afin de…

— Il me faut d’abord obtenir des garanties sur la vie de Saphyr d’Antiter.

Le visage holographique réprima une moue d’agacement.

— Je suis un technicien de l’astroport d’Ersel, pas un agent de renseignements.

Rohel devina, à l’infime crispation de ses traits, que son interlocuteur manipulait sournoisement les commandes du radar spatial afin de localiser l’Ontegut. Cette manœuvre, inutile – il avait pris la précaution, avant de contacter l’astroport d’Ersel, de déclencher l’ouverture du bouclier furtif dont était équipé ce type de vaisseau –, révélait que le technicien n’était pas le simple rouage qu’il prétendait être.

— Je vous demande seulement d’établir une connexion holographique avec les autorités de Déviel, lança Le Vioter. Et ne cherchez pas à me localiser, vous perdriez votre temps.

— Je m’en suis déjà rendu compte, grommela le technicien. Mon radar tourne en bourrique ! Bouclier furtif, hein ? Je ne voulais pas vous prendre en traître, princeps : ce genre de truc fait partie de mon boulot.

— Le code déontologique de la Fratrie de l’Espace…

— Ne signifie plus rien depuis des lustres, coupa le Dévillien. La paranoïa a gagné l’ensemble de la Seizième Voie Galactica : toute velléité d’anonymat est devenue suspecte.

— Je souhaite seulement m’entourer de certaines précautions avant de me présenter devant le Cartel.

Le technicien se mordit les lèvres, comme s’il hésitait à poser la question qui le tracassait.

— Qu’est-ce qu’ils vous veulent ? Votre nom arrive en premier sur la liste des priorités absolues.

Le Vioter eut la nette impression que son interlocuteur lui jouait la comédie pour lui soutirer des renseignements. L’éclat de ses yeux, décelable malgré la réduction de l’écran-bulle et la qualité médiocre de la projection holographique, trahissait une nervosité qui contrastait avec l’impassibilité de ses traits.

— Raison de plus pour vous dépêcher de me connecter avec eux, ordonna Rohel d’une voix sèche.

— Appelez-les depuis votre vaisseau si vous êtes tellement pressé.

Le Vioter se contint pour ne pas presser la touche d’effacement de l’écran-bulle.

— Question de fréquence, murmura-t-il entre ses lèvres serrées. L’émetteur d’un vaisseau ne peut communiquer qu’avec les récepteurs des astroports… Vous devriez pourtant le savoir.

— C’est la première chose qu’on apprend à l’école de l’astronautique, gloussa le Dévillien. Le petit malin qui trouverait le moyen de mélanger les fréquences déclencherait une foutue panique sur les mondes recensés. Vous ne voulez vraiment pas me dire ce qu’ils vous veulent ?

— Contentez-vous d’exécuter les consignes de vos dirigeants.

— Doucement. Ce n’est parce que ces… ces créatures ont pris le contrôle de Déviel que je les considère comme mes patrons.

— Je n’ai pourtant pas le sentiment que vous soyez entré en rébellion en cet instant.

— Il y a manière et manière de résister, princeps.

Les traits du technicien se détendirent tout à coup, comme s’il avait enfin admis que son correspondant ne cherchait pas à le mystifier.

— Je serai obligé de vous faire attendre quelques minutes, princeps. Le temps d’établir la liaison avec le palais du Cartel.

— Ils se sont installés dans l’ancien palais impérial ?

— Ils s’installent où bon leur semble… Dans votre corps si ça leur chante.

La tristesse contenue dans la voix du technicien avait des accents de sincérité qui ne trompaient pas. Sa tête disparut subitement de l’écran-bulle et l’imperceptible grésillement qui avait accompagné leur conversation se tut, laissant le seul grondement diffus des stabilisateurs troubler le silence de l’espace.

 

Le Vioter avait effectué une dizaine d’hypsauts entre la Quinzième et la Seizième Voie Galactica. Les deux mois de ce voyage lui avaient paru interminables, d’autant qu’il avait souffert du mal de l’espace, un sentiment aigu de solitude qui pouvait à tout moment dégénérer en folie. Il s’était astreint à bouger, à parler pour éviter de sombrer dans la schizophrénie. Il avait refusé la solution qui consistait à programmer les hypsauts, à s’enfermer dans un caisson de cryogénisation et à se réveiller six heures avant d’arriver à destination : d’une part, il était seul à bord, et une règle de sécurité voulait qu’un homme d’équipage restât en éveil pour surveiller les caissons et intervenir en cas de nécessité, d’autre part, et c’était sans conteste la raison principale de ses réticences, il n’aimait pas l’idée de confier son corps et son esprit à un système qui, bien que piloté par des mémodisques à logique floue – c’est-à-dire capables de prendre des initiatives –, pouvait provoquer d’irréversibles lésions dans le cerveau. Il préférait encore passer de longues heures de veille dans la cabine de pilotage à contempler l’incessant ballet des étoiles, même si la solitude se faisait particulièrement oppressante durant les hypsauts. Il s’accordait de courtes périodes de repos pendant lesquelles il ne trouvait que rarement le sommeil.

Il avait flotté entre deux sentiments lorsque l’écran du tableau de bord avait affiché les coordonnées de la Seizième Voie Galactica : la joie que lui procurait son retour dans la galaxie d’où il était parti sept ans plus tôt et l’inquiétude que suscitait en lui le silence prolongé de Saphyr. Il avait cessé de percevoir ses émissions télépathiques lors de son séjour sur la planète Stegmon quelques mois plus tôt et, depuis, il avait l’impression que l’invisible cordon le reliant à la prisonnière des Garloups s’était rompu.

La chaleur de Lucifal, glissée dans la ceinture de sa combinaison, se diffusait dans sa hanche et sa cuisse gauches. L’épée de lumière, forgée par une civilisation oubliée, paralysait le centre nerveux des Garloups et buvait leur principe vital, mais c’était dans l’amour de Saphyr que Rohel avait trempé son courage et il doutait de trouver en lui la volonté de combattre les êtres de l’antespace s’ils avaient exécuté leur otage.

Il laissa errer son regard par la baie vitrée de la cabine, tenta machinalement de repérer le soleil d’Antiter parmi les points brillants qui criblaient le velours sombre du ciel. Il distingua d’abord l’énorme masse de l’étoile double de Déviel, une binaire à éclipse composée d’une naine blanche et d’une géante rouge, puis il aperçut la traînée dorée du bras spiral et enfin, plus loin, la tranche argentée du bulbe central. La Seizième Voie Galactica, dite également la Voie lactée, appartenait à un amas dont les autres galaxies n’avaient pas encore été explorées. Comme son nom l’indiquait, elle venait en seizième position dans l’ordre chronologique des vagues de colonisation et, pourtant, de nombreux ethnohistoriens la considéraient comme le point de départ de l’aventure spatiale humaine (ce décalage trouvait peut-être une explication dans les manœuvres des religions, qui déclaraient nulles et non avenues les données scientifiques pour imposer leur propre vision de la genèse). Elle recensait plus de quatre cents planètes naturellement habitables ou terraformées, la plupart d’entre elles étant situées sur ses bras spiraux.

Il ne repéra pas l’éclat jaune du soleil d’Antiter mais le simple fait de se savoir à quelques années-lumière de son monde natal l’emplit de nostalgie. Ces sept années d’exil s’étaient étirées comme une éternité. Il lui semblait avoir vécu une foule d’existences depuis son départ, abandonné une partie de lui-même sur chacun des mondes qu’il avait traversés et, même si son instinct de survie, développé par l’enseignement de Phao Tan-Tré, lui avait permis de se sortir de situations difficiles, seul le lien ténu qui l’unissait à Saphyr l’avait empêché de se disperser dans le vide.

La voix du technicien le fit tressaillir.

— Contact avec le palais du Cartel dans moins de vingt secondes, princeps.

La tête holographique s’agitait de nouveau à l’intérieur de l’écran-bulle. Ses cheveux blonds et ras accrochaient des éclats de lumière qui dessinaient des paraboles fugaces sur les cloisons et les instruments de bord.

— C’est le branle-bas de combat en bas ! ajouta le Dévillien. Je ne sais pas quelles sont vos intentions exactes, princeps, mais je préfère vous prévenir que tout Ersel sera sur les dents. L’astroport a déjà été bouclé… Vous ne passez pas inaperçu quand vous arrivez quelque part.

— Je ne me serais pas annoncé si j’avais voulu passer inaperçu…

— Ça n’aurait pas été une bonne idée. Les sondes de surveillance aérienne auraient détecté et réduit votre vaisseau en miettes. Je vous l’ai déjà dit : l’anonymat est considéré comme un acte de guerre dans l’espace aérien de Déviel. Je vous laisse avec nos amis : ils s’impatientent. Adieu, princeps, et bonne chance.

L’écran recouvra sa neutralité avant de s’emplir de nouvelles émulsions lumineuses. Le Vioter ne put réprimer un cri de surprise lorsqu’il vit peu à peu apparaître le visage de la féelle Saphyr, ce visage dont il avait si souvent rêvé lors de ses années d’errance, ce visage d’une finesse extraordinaire qu’encadraient de longs cheveux couleur d’ambre et qu’éclairaient des yeux d’un bleu clair, presque transparent, ce visage un peu plus pâle que d’habitude, à peine amaigri par sa longue captivité… Il goûta de nouveau les lèvres et la peau de la féelle, il respira son odeur, il sentit son souffle sur son cou, il entendit son chant et son rire, ils roulèrent enlacés dans l’herbe lilas du parc du palais de cristal. Enfin réconcilié avec lui-même, il se débarrassa de sa mélancolie et de sa défiance comme de vêtements trop longtemps portés. Elle lui adressa un sourire qui effaça ses doutes, qui pansa ses blessures. Il touchait les dividendes de sa persévérance. Un rire franc, joyeux, s’échappa de ses lèvres entrouvertes.

— Saphyr, balbutia-t-il. Je suis si heureux…

Sa voix se brisa lorsque le visage de la jeune femme s’estompa de l’écran et fut remplacé, quelques secondes plus tard, par la tête d’un homme au crâne et aux sourcils rasés.

— Vous la reverrez lorsque vous nous aurez remis la formule, princeps d’Antiter.

La voix du nouvel intervenant était aussi tranchante qu’un sabre. Un sourire sardonique flottait sur ses lèvres fines, tellement minces que sa bouche ressemblait à une plaie.

Rohel refoula le hurlement qui montait de son ventre. Il éprouvait la même sensation qu’un nouveau-né arraché brutalement du ventre maternel, un déchirement qui le laissait pantelant. Cet état de réceptivité extrême résultait en partie de son long séjour dans l’espace, où les contrariétés entraînaient des réactions disproportionnées, paroxystiques – et parfois même de véritables accès de folie meurtrière : on avait vu des capitaines de vaisseau massacrer leur équipage et leurs passagers pour un simple désaccord avec leur second –, mais il provenait également et surtout de la dépression brutale qui avait suivi le bonheur intense soulevé par l’apparition holographique de Saphyr. D’autres souvenirs remontaient à la surface de son esprit, des visions de cauchemar, des ruisseaux de sang dans les rues, les corps de ses parents, de ses frères et de ses sœurs gisant dans leur maison de Néopolis… L’être qui s’agitait à l’intérieur de l’écran-bulle avait peut-être participé au massacre du peuple de la Genèse.

Son peuple.

— J’exige d’avoir une libre conversation avec elle avant de me poser sur l’astroport d’Ersel, déclara-t-il d’un ton qu’il ne parvint pas à maîtriser.

— Nous vous avons fourni une preuve de son existence. Vous devrez vous en contenter. Louez plutôt notre patience, princeps d’Antiter : voici sept ans que nous avons scellé notre accord.

Le Vioter examina attentivement la tête holographique. Elle n’avait d’humain que l’apparence. La rigidité presque minérale des traits et la dureté du regard révélaient qu’un Garloup se cachait à l’intérieur de cette enveloppe corporelle sans doute « empruntée » à un Dévillien.

— Cette projection holographique ne peut en aucun cas valoir de preuve, objecta Rohel. Peut-être s’agit-il d’un simple enregistrement.

— Nous ne savons pas si vous nous rapportez la bonne formule, répliqua le Garloup.

— J’ai rencontré quelques-uns des vôtres au cours de mon voyage. Ils vous ont probablement informé que l’Eglise du Chêne Vénérable recherche activement un déserteur du nom de Rohel Le Vioter, coupable de lui avoir dérobé le Mentral, une formule nécessaire à son expansion.

Les paupières de la tête holographique s’abaissèrent en signe d’acquiescement.

Cycle de Saphyr
titlepage.xhtml
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Bordage,Pierre-[Rohel-3]Cycle de Saphyr(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html